9 h 30, 2 septembre 1944, personne ne connaît le nom de l'homme qui traverse l'Elnon en vrombissant. Mais c'est un américain, les paysans du coin en sont certains. Encore aujourd'hui on s'en souvient. Il est le premier américain à passer la frontière franco belge en tête ce jour là du 82° bataillon de reconnaissance de la deuxième division blindée américaine. Jour de libération.
Ici, les pâtures sont tantôt belges, tantôt françaises. M. Maës, paysan franco belge et fort avenant, fils d'un belge et d'une française, petit fils de belges et de français, nous parle d'un voisin belge dont le bout du jardin est français. Quand les combats de coq furent interdits par la Belgique, son bout de jardin devint le gallodrome du coin.
Dans la charpente d'une grange voisine, on a retrouvé tantôt une médaille d'Anne d'Autriche piquée dans la charpente. Flandres autrichiennes, espagnoles, allemandes, françaises, belges. Les frontières semblent fixes, éternelles à celui qui ne connaît que le présent mais elles sont vivantes, mouvantes, papillonnantes et mêmes incertaines si on les considère sur une vaste échelle de temps...